Quid de la représentation des femmes au gouvernement?

Par Andy Mbengay

Le sujet de la représentation des femmes au gouvernement Lukonde est emblématique des limites de la classe politique congolaise. Le Président de la République, on le sait, en a fait, un des points d’ancrage de la composition du gouvernement. Augustin Kabuya, un responsable de l’UDPS nous a même appris, que la présence insuffisante des femmes était la raison principale du refus opposé par la Président à la signature de l’ordonnance portant nomination des membres du gouvernement. Des mouvements féministes ont organisé un sit-in devant le siège du parlement pour revendiquer une meilleure représentation de la femme au gouvernement.

Ces bons procédés ont un fâcheux biais commun: une forme d’illusion d’optique qui pousse à implorer la bonne foi, voire le bon vouloir des formations politiques. Cherchez donc l’erreur! A cet égard, nous renvoyons à l’interview constructive et avant-gardiste que la Professeure Dr Berthe Zinga Ilunga a accordée à notre estimé confrère Pitshou Mulumba dans Le Potentiel du 5 mars dernier (lepotentiel.cd/g?post=1869). En substance, après avoir décrit sa proposition originale de la parité équivalente, la Professeure Dr Zinga a souligné qu’il serait pour le moins hasardeux de s’en remettre exclusivement aux formations politiques qui, en matière de promotion de la femme, rivalisent de professions de foi et de promesses, mais au final se révèlent « plus croyantes que pratiquantes »…pour emprunter à la rhétorique religieuse…C’est précisément ce qui s’est produit.

Estimant toutefois qu’il serait illusoire d’écarter les formations politiques du processus de la désignation des ministres femmes, la Professeure Dr Zinga avait suggéré de couper la poire en deux: choisir 8 femmes sur la liste soumise par les formations politiques et faire bénéficier les 8 autres d’une sorte de discrimination positive en les désignant en dehors des contingences partisanes, sur la base de la valeur intrinsèque que constituent l’excellence, la compétence, l’expérience et la technicité. La Professeure Dr Zinga Ilunga a enfin proposé que les 8 femmes ministres soient identifiées aux niveaux du Premier Ministre et du Président de la République au sein de la société civile, c’est-à-dire au cœur des entreprises, des facultés, des barreaux, de l’administration publique, des organes de presse, des mouvements associatifs etc. Voilà donc des propos qui auraient dû attirer l’attention des autorités et qui peuvent par ailleurs être adaptés à l’ensemble du gouvernement, pour permettre au Président d’éviter le piège du fameux partage équitable et équilibre.

La situation dans laquelle nous sommes est suffisamment unique pour appliquer des solutions novatrices qui seraient au rebours de nos pratiques. Le Pays a intérêt à dépasser la seule expérience des « règles » qui ont, somme toute, montré depuis longtemps leurs limites.

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